BERT BEVERS (vertaald uit het Nederlands)

Door Mart Franken


ARDEA CINEREA

Comme si elle était née sachant déjà
qu’un jour elle serait empaillée ainsi,
ardea cinerea ne cesse de se dresser ici

héron représentant toute sa race:
patiemment, ses yeux de souris regardent hors
de la vitrine, en soi aussi, en reflets morts.  

La peau remplie de roseau murmurant,
de milliers de grenouilles et de la terre omniprésente,
doublée par des eaux stagnantes de souvenirs.  

Que tu n’as rien à dire maintenant, pleure
tout ton corps qui s’entête à ne plus se mouvoir.
La vitre miroite: je crois que je suis une rive.

 

Ardea Cinerea

 

 

RITES DE PASSAGE

Crépuscule du soir. Je soupçonne des camps abandonnés.
La broche sans gibier, des cendres froides, dispersées
par le vent. Le chasseur retourne alors chez lui, sans butin.

Dans sa tête des proies dansent et hurlent.
La nuit ses rêves remplis de javelots qui effleurent.
Les passions fuies en soi: tout pour oublier.

Essayer en vain. Sans cesse, sans cesse.  

 

Kringloop

 

 

IN MEMORIAM PATRIS

Mon père me regarde, les yeux fermés.
Son corps encore chaud, comme le matin
l’est un peu déjà. Il sait que j’y suis.

C’est ce-que je pense. Je pense qu’il sait
que je suis ici. Ses mains jointes, belles, me touchent.
Jamais je ne penserai plus sans cette image quelque part.

Tu es retourné chez ta mère, loin de ce lieu-ci
qui s’ouvre. Doucement tu continues à tinter
vers moi de ce domaine, à jamais, doucement.

Des corneilles écrivent un langage contre les nuages,
qu’au neuvième étage, derrière les vitres, je n’entends
pas. Papa.

 

In memoriam patris